Nous venons de quitter René II après sa victoire sur Charles le Téméraire à qui il rend hommage en organisant des funérailles grandioses à la collégiale Saint Georges, après avoir fait déposer son corps dans une maison de la Vieille-Ville ( emplacement indiqué sur le trottoir « 1477 » ).
Une paix retrouvée
La Lorraine retrouve enfin la paix, et la victoire de son duc éveille chez les Lorrains la fierté patriotique . Elle se traduit par une épopée la « Nancéide » écrite en vers latins par un chanoine de Saint-Dié, Pierre de Blarru. Entre 1488 et 1493, René II entre en conflits avec la ville de Metz et sa politique lui permet d’assurer définitivement l’union des deux duchés, de consolider leurs institutions et d’en faire un état moderne, autonome et indépendant.
Grâce aux ressources tirées des mines d’argent de Sainte Marie aux Mines, René II aménage sa capitale, fait édifier la chapelle des Cordeliers et reconstruire le palais ducal ( qui abrite de nos jours le Musée lorrain, en Vieille-Ville ), renforce les fortifications, fait construire un pont sur la Meurthe.
Il montre donc un vif intérêt pour les affaires du duché et cela se traduit aussi dans la reprise des activités économiques : agriculture, exploitation des forêts, papeteries, verreries, exploitation du minerai de fer, ateliers textiles ; mais la principale activité, celle qui rapporte la moitié des revenus ducaux , est une richesse du sous-sol : le sel qui est exporté au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Suisse .
Fin 1508, au cours d’une chasse au loup, René II prend froid . Il meurt non loin de Bar- le- Duc, au château de Fains-les-Sources . Son corps, ramené à Nancy , est enterré dans la crypte de l’église des Cordeliers . Son épouse, Philippa de Gueldre se retire chez les Clarisses de Pont-à-Mousson où elle décèdera à l’âge de 85 ans, après 39 années de veuvage . Elle repose également dans la chapelle ducale où l’on peut admirer le beau gisant, sculpture de Ligier Richier .
Nous sommes au moment de la Renaissance, et cette période de paix particulièrement bien venue va confirmer le statut de La Lorraine avec le gouvernement du « bon » Duc Antoine.
I/ Le Duc Antoine ( 1508-1544 )
Antoine, fils de René II et de Philippa de Gueldre a été élevé à la cour de France et va garder des liens étroits avec les Valois . Il devient duc à 19 ans . Il épouse Renée de Bourbon et participe, la même année, à la célèbre bataille de Marignan ( 1515 ), aux côtés de son cousin François Ier .Il avait déjà apporté son aide à Louis XII au cours de ces guerres en Italie .
Son long règne sera une période de paix et de prospérité, avec à la clé, l’obtention du statut d’état indépendant, le Duché étant reconnu libre et non incorporable par le traité de Nuremberg (1542, date importante ) devenant ainsi un protectorat placé sous la protection de l’Empereur tout en bénéficiant d’une large autonomie ..
Antoine conduit une politique pacifique entre François Ier et Charles Quint : il réussit à éviter les plus grands conflits, en « naviguant » habilement entre Valois et Habsbourg . Il interviendra cependant en 1525 dans la guerre contre les paysans « Ultra-luthériens » d’Alsace, guerre dite des « Rustauds », car il reste attaché, comme ses sujets, au catholicisme romain alors que la réforme protestante se répand, notamment à Metz .
Notre duc Antoine devient un grand personnage au centre de l’Europe et, comme son père, il encourage les lettres et les arts et réorganise le système monétaire . Son sens de la mesure et sa sagesse diplomatique lui valent l’attachement de ses sujets et dans la mémoire populaire , il restera le « Bon » duc Antoine .
Lorsque la guerre reprend entre François Ier et Charles le Quint, Antoine redoute que les armées en présence ne traversent ses états et tente des démarches auprès des rivaux, mais en vain .
La guerre se poursuit, les troupes pénètrent en Lorraine . Le duc , affaibli par la maladie, veut se rendre à Bar-le-Duc et c’est là qu’il meurt en juin 1544, après avoir rédigé un testament à son fils François ( prénom de son parrain, François Ier ), lui demandant de traiter ses sujets avec bienveillance et bonté, de se montrer soucieux des deniers publics et de veiller à la conservation de la foi catholique .
II/ François Ier ( de Lorraine )…un règne très, très court
François, né en 1517 , passe une partie de sa jeunesse à la cour de France , auprès de son parrain . Agé de 27 ans, il montre le désir de suivre la politique de son père et fait naître beaucoup d’espoir en lui mais …un an et un jour après sa prise de fonction, il décède, le 12 juin 1545, à Remiremont ! Pour lui succéder, un seul enfant, son fils Charles, âgé de 2 ans et demi : on entre alors dans une période de régence, difficile à gérer car deux prétendants sont en lice :
– la mère du petit Charles, Chrétienne de Danemark, nièce de Charles Quint
– Nicolas , le beau-frère, futur évêque de Metz et Verdun
Finalement, c’est la maman qui assure la Régence de 1545 à 1552, après avoir consenti de partager le pouvoir avec son beau-frère . Ce dernier renonce aux deux évêchés et reprend le titre de Comte de Vaudémont pour assumer une seconde régence entre 1552 et 1559.
Le rôle politique de Chrétienne de Danemark n’est pas mineur ; elle fait preuve de décisions sages et maintient étroite la relation avec sa famille autrichienne, souhaite que la Lorraine conserve son indépendance et sa neutralité , mais elle ne pourra pas empêcher l’influence française de se confirmer .
En effet, la guerre a repris entre Henri II et Charles-Quint . Le roi de France évince Chrétienne de Danemark pour confier la Régence à Nicolas de Vaudémont qui lui prête serment de fidélité . Le jeune duc est envoyé à la cour de France à l’âge de 9 ans, où il grandit aux côtés des princes royaux . Son mariage avec Claude de France, fille de Henri II, est programmé .
Des garnisons françaises sont installées ; Henri II veut s’emparer des trois villes épiscopales : c’est la « chevauchée d’Austrasie » : il occupe Toul le 13 avril, entre à Nancy le 16, et le 18, Metz ouvrait ses portes et recevait le roi de France en sa cathédrale .S’en suivra l’échec de Charles Quint, vaincu par François de Guise , devant Metz , assurant à la France la possession des Trois Evêchés . (1552)
Le mariage de Charles avec Claude est célébré à Notre-Dame de Paris en Janvier 1559 ; il n’a que 16 ans, mais étant marié, il est considéré comme majeur et donc apte à régner .
Charles III fait sa première entrée à Nancy, en compagnie de son épouse, du nouveau couple royal français, François II et Marie Stuart, de sa belle-sœur Isabelle et épouse de Philippe II d’Espagne . Mais il ne prête pas serment devant les Etats généraux lorrains, laisse gouverner sa mère ( de retour d’exil ) et regagne la France .
Sa deuxième entrée à Nancy aura lieu en 1562 et sera suivie, cette fois, de la prestation de serment devant les représentants des trois Etats : il devient officiellement le duc de Lorraine Charles III que l’histoire retiendra sous le surnom de Charles III « le Grand ». Après le « Bon », voici le « Grand ».
III/ Charles III ( 1545-1608 )
La seconde moitié du XVI ème est dominée par le gouvernement de Charles III, gouvernement effectif de l’année de son mariage en 1559 jusqu’en 1608, année de ses funérailles, immortalisées dans la célèbre gravure « La pompe funèbre de Charles III » .
En France , cette période couvre, après le décès de son beau-père Henri II, les règnes successifs de ses beaux-frères : François II, Charles IX, et Henri III .
De son long règne, on retiendra :
-ses prises de positions face aux questions religieuses
-ses relations avec la France
-ses actions au service de la Lorraine et de Nancy .
Charles III face à la Réforme
Ardent défenseur du catholicisme, il redoute la propagation des idées protestantes dans ses Etats et tente de maintenir une politique de neutralité face à la crise religieuse qui secoue la France, sans empêcher les passages des troupes de soldats et de mercenaires qui ravagent villes et campagnes .
Dans un second temps, il soutiendra plus ouvertement la Ligue catholique puis accueillera à Nancy ses représentants, ce qui déplaira à Henri III .
Enfin, son comportement sera plus tranché quand le problème de la succession d’Henri III se posera : pour lui, pas question que la couronne de France ne revienne un jour à un huguenot !
Il prend parti contre Henri de Navarre, et après l’assassinat d’Henri III , il fera même valoir des droits au trône de France . En vain, puisque c’est le Bourbon qui deviendra roi sous le nom de Henri IV .
En conclusion, on retiendra que la Lorraine, sous Charles III, a été l’un des principaux centres de la Contre-Réforme .
Charles III et ses relations avec la France
Ce sont des relations placées sous le signe de la bonne entente avec François II, puis avec Charles IX qui vinrent en Lorraine à plusieurs reprises . Charles III évite d’intervenir dans les affaires intérieures de la France …pas comme ses cousins de la branche des Guise !
Au cours d’un voyage vers la Pologne, Henri III séjournera à Nancy où il fera connaissance de sa future épouse, Louise de Vaudémont, nièce du duc ; mais les relations seront moins limpides par la suite en raison des troubles engendrés par les guerres de Religions, Charles III étant souvent déçu par le comportement du Roi de France qui fait selon lui la part trop belle aux protestants . Quant à Henri III, il n’apprécie pas toujours l’attitude du duc et estime que Nancy est devenue un lieu d’intrigues et de complots contre lui .
Ses actions au service de la Lorraine et de Nancy
Malgré les nombreux passages de troupes étrangères qui ravagent régulièrement le duché, la Lorraine jouit des avantages de la politique de neutralité conduite par Charles III .
La vie économique s’intensifie, les voies de communications sont améliorées, les mesures uniformisées, foires et industries encouragées et la législation est simplifiée .
Des industries nouvelles apparaissent : imprimeries à Pont-à-Mousson, Nancy, Saint-Nicolas-de-Port qui est devenu le plus grand centre commercial ; lutherie à Mirecourt . D’autres se développent : salines, mines de cuivre et d’argent … .La Lorraine est donc au XVI ème siècle un pays prospère .
Charles III encourage la rédaction de travaux géographiques, fonde l’Université de Pont-à-Mousson, confiée à des Jésuites .
La Renaissance artistique se manifeste et laisse des chefs d’œuvres comme les sculptures de Ligier Rigier, né à Saint-Mihiel : mises aux tombeaux, calvaires, gisants, sans oublier « l’Ecorché » de l’église Saint Etienne à Bar-le-Duc .
Trouvant sa capitale trop petite dans ses remparts ( 7000 habitants environ) et voulant rivaliser avec Metz, le duc entreprend un grandiose chantier dans le but de tripler sa surface et de lui donner une allure prestigieuse. Le faubourg Saint-Dizier est rasé ( sauf 3 maisons ), une ville neuve, aux rues larges et perpendiculaires, tracées au cordeau ( appel à un urbaniste italien ) voit le jour avec ses trois nouvelles portes : St Nicolas, St Georges et St Jean . Le souvenir de cette entreprise est toujours présent : faubourg des Trois Maisons, rue Saint- Dizier, rue Charles III et …prison Charles III !
Le 14 mai 1608, la Lorraine perd un duc qualifié de « Grand », duc qui avait aimé son peuple et que le peuple avait aimé : il laisse en héritage à son fils un Etat à part entière, avec une capitale agrandie et embellie, après une période de paix, de prospérité et de progrès .
IV/ Henri II ( 1608-1624 )
A la mort de Charles III, la succession échoit à son fils aîné Henri , âgé de 45 ans . Ce dernier n’est pas réellement préparé aux fonctions qui sont les siennes maintenant .
Ayant vécu dans l’ombre de son père, il ignore beaucoup des affaires de son duché mais excelle dans un domaine , celui de l’armée où il a fait ses preuves durant les guerres de la Ligue en France .
Il va s’entourer d’un certain nombre de favoris ce qui crée des jalousies chez les seigneurs lorrains . Pas d’enfant après un premier mariage avec la sœur du roi Henri IV, mais deux filles, Nicole et Claude du second mariage . Henri IV voit en Nicole un bon parti pour le dauphin Louis, futur Louis XIII ( avec à la clé, l’idée évidente d’unir la Lorraine à la France ) . Ce projet est remis en question après l’assassinat de Henri IV en 1610 et Louis XIII sera fiancé à Anne d’Autriche .
Dans le Saint-Empire, la tension monte entre princes catholiques et protestants ; le duché risque d’être mêlé à une nouvelle guerre de religions et malgré sa politique de neutralité, Henri II penche pour le camp catholique . Il cherche à maintenir des relations de paix avec l’Espagne, la France, les cantons suisses et multiplie les efforts pour éviter les conflits . Néanmoins, né en Bohême, le conflit s’étendra en Allemagne, va enflammer tout le Saint- Empire puis gagner l’Europe entière . Le neveu de Henri II, Charles de Vaudémont y participe et se considère comme l’héritier du duché en l’absence de descendant mâle, ce que refuse Henri II qui souhaite le transmettre à Nicole .
La solution vient de François de Vaudémont, le père de Charles :
« Marions les cousins et ils règneront ensemble.» Le mariage a lieu en mai 1621 .
Henri II ne veut pas participer directement à la guerre de Trente Ans, son armée trop modeste manque de moyens et d’argent et ce n’est pas sa passion pour l’alchimie qui va lui permettre de fabriquer de l’or afin de remplir les caisses !
La guerre se profile aux confins du Duché et les ambitions françaises vont bientôt mettre en péril le devenir de la Lorraine en tant qu’état souverain .
La mort du duc en 1624 laisse le trône à Nicole et Charles de Vaudémont .
V/ Charles IV ( 1624-1675 )
Son règne va connaître et subir une pression constante de la part de la monarchie française et Charles IV sera en conflit pratiquement permanent avec Louis XIII et Richelieu, puis avec Mazarin et Louis XIV , le tout avec en toile de fond, la Guerre de Trente Ans .
Voici donc le couple au pouvoir, mais pour peu de temps, car François réclame l’héritage de son défunt frère , et sa demande est reconnue légitime par les Etats généraux : Charles IV cède le trône à son père : François II est à la tête du Duché pour …5 jours… avant d’abdiquer en faveur de son fils qui devient seul détenteur du pouvoir et échappe ainsi à la tutelle de Nicole .
Conscient des menaces qui pèsent sur ses Etats, Charles IV renforce les garnisons : Nancy, Bitche, Marsal, La Mothe …
Entre 1630 et 1640, Charles IV va s’attirer les foudres de Richelieu qui ne supporte pas les attitudes politiques du Duc:
– politique favorable à l’Empereur Ferdinand II
– intrigues nouées autour de la Duchesse de Chevreuse
– intrigues pour favoriser le mariage de Gaston d’Orléans, frère du roi , amoureux de sa sœur
– tentative de rapprochement avec les Anglais
– fait que Charles IV ne tient pas ses engagements à la suite des traités de Vic (1631), de Liverdun (1632 ), de Charmes ( 1633 )
Premier exil
Le traité de Charmes mettait fin à la troisième guerre de Lorraine en trois ans . Les troupes royales occupent Bar-le-Duc, Pont-à-Mousson et Nancy est encerclée . Charles IV se réfugie à Lunéville, abdique en faveur de son frère Nicolas-François et quitte la Lorraine .
Louis XIII est entré dans la capitale du duché au milieu d’une population hostile . Nicolas –François et son épouse Claude, sœur de Nicole, sont arrêtés ( le jour de leur mariage ) à Lunéville, conduits au palais ducal et placés sous la surveillance du gouverneur français . Déguisés, ils réussiront à s’échapper pour gagner la Toscane puis l’Autriche .
Pendant ce temps de l’occupation française, Charles IV court d’un champ de bataille à un autre et tente en vain de reconquérir ses états . Du vivant de Nicole, il se remarie et a deux enfants qui seront exclus, par la suite, de la succession .
Charles IV, le retour 1
Finalement, il signe le traité de St Germain en 1641 pour se rapprocher de la France et récupérer ses Etats ( amputés ) ; il accepte l’occupation de Nancy . De retour dans ses terres, son accueil est triomphal en ce printemps 1641 . C’est ce qu’on appelle la « Petite paix » .
Est-ce la fin des maux ? Est-ce l’indépendance retrouvée ? Non.
Car dès juillet, rapide déception : Charles IV prend le parti de l’Espagne contre la France . La riposte française ne se fait pas attendre : elle est efficace . Toutes les villes tombent ; restent Longwy et La Mothe. Mazarin succède à Richelieu ; en 1645, le dernier symbole de la résistance lorraine devant les progrès des Français , La Mothe, est rasé et Longwy tombe l’année suivante .
Second exil et … prison
Au cours de ce nouvel exil, Charles IV a rejoint les Flandres où il continue à servir l’Espagne .
Tout accable la Lorraine : maladies, famines, violences ; tous ces malheurs et toutes ces misères ont été anticipées et illustrées dans les gravures admirables de Jacques Callot.
Le traité de Munster qui aboutira à celui de Westphalie incorpore définitivement les trois Evêchés au royaume de France .
Entre 1480 et 1648, la Lorraine a connue le redressement, l’épanouissement et …l’effondrement ! Elle est au plus profond de l’abîme .
Les négociations maladroites de Charles IV font, que mêmes ses alliés n’ont plus confiance en lui . Il est arrêté à Bruxelles, conduit en Espagne et emprisonné à Tolède .
Nicolas-François rentre de Vienne, rallie le camp français , ce qui est positif pour la Lorraine ; Mazarin réclame et obtient la libération de Charles IV en 1659 .
Charles IV, le retour 2 et… l’exil
Libre, Charles IV repasse les Pyrénées peu de temps avant la signature d’un nouveau traité guère favorable à la Lorraine , celui des… Pyrénées : le Barrois reste français, une route stratégique reliera la France à l’Alsace, via Metz, les fortifications de Nancy seront rasées, les troupes du Duc , licenciées .
Charles IV fait étape à Blois, revoit son frère Nicolas-François et son neveu Charles ( futur héritier ), passe par Paris pour rencontrer Mazarin ; finalement , on récupère le Barrois et les deux duchés retrouvent leur indépendance .
1662 : étrange traité que celui de Montmartre dans lequel Charles IV s’engage, à sa mort, à céder ses Etats à la France ! Vives oppositions, en particulier de la part de Nicolas-François car l’héritage revient à son fils, Charles IV n’ayant pas de descendance légitime . Ce traité ne sera pas appliqué .
En septembre 1663, après de nombreuses années d’absence, Charles IV fait une nouvelle entrée solennelle à Nancy au milieu d’une foule enthousiaste . Enthousiasme de courte durée ! Une fiscalité insupportable pour réparer une partie des dégâts va décevoir le peuple , quant à l’envie de reprendre une activité militaire, et de maintenir des troupes, ce sera le motif pour Louis XIV, en 1670, d’engager un nouveau coup de force car il veut s’assurer le contrôle total du Duché .
Les troupes royales sont rapidement aux portes de la capitale, Charles IV quitte Nancy par la route d’Epinal et rejoint le Saint-Empire en passant par la Suisse : pour la troisième fois , il connaît l’exil et la Lorraine subit une nouvelle occupation française .
Fin du règne
Cette occupation est désavouée un peu partout en Europe , mais Lois XIV n’entend pas perdre le contrôle de la Lorraine . La coalition anti-française permet à Charles IV de reprendre du service dans l’armée de l’Empereur et il réussira à libérer pour un temps Epinal, Saint-Dié et Remiremont . Cette campagne de 1675 sera la dernière et après une brillante victoire à Trêves, le duc tombe malade et meurt dans le Bas-Palatinat, le 18 septembre 1675 à l’âge de 71 ans, après 51 années de règne, mais combien en exil ?
VI/ Charles V ( 1675-1690 )
Sans descendant légitime à l’issue de ses trois mariages ( Nicole, Béatrice et Marie–Louise ), la couronne de Charles IV revient à son neveu Charles-Léopold âgé de 32 ans et qui a passé la plus grande partie de sa vie dans l’Empire . Il était destiné à une carrière ecclésiastique, mais à la mort de son frère aîné, il abandonne ses charges religieuses et commence une brillante carrière militaire, au service de l’Empereur .
Chef militaire confirmé, il est proclamé Duc de Lorraine sous le nom de Charles V, dès l’annonce de la mort de Charles IV et reconnu par tous sauf par …Louis XIV.
L’opposition du Roi-Soleil fait de Charles V un duc en exil et un duché sans duc, occupé par la France .
Charles V poursuit sa carrière militaire au service de l’Empereur Léopold 1er , épouse sa sœur, princesse très cultivée et veuve du roi de Pologne ; en devenant beau-frère de l’Empereur, il resserre les liens déjà très étroits entre la Maison de Lorraine et les Habsbourg d’Autriche .Privée de son Duc , la population lorraine fait preuve de résistance passive .
A l’extérieur, Charles V s’impose comme un brillant capitaine, chef sérieux, réfléchi, responsable, payant de sa personne . Contre les Turcs, il mène des actions d’éclats et à la tête d’une armée de 65 000 hommes, il libère Vienne en 1683 .
Conseiller militaire de son beau-frère, il est chargé de libérer la Hongrie, ce qu’il réalise en 1686 en menant un assaut définitif contre Buda .
Modeste, il refuse les honneurs qu’on lui réserve, gracie son adversaire . Sa mission auprès de Léopold Ier se poursuivra jusqu’en1689 . Il s’empare de Bonn au cours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg . Sur la route du retour vers Vienne, il tombe malade et meurt le 18 avril 1690 . Enterré à Innsbrück , son corps sera ramené à Nancy et déposé en la chapelle des Cordeliers .
Il n’aura jamais régné sur son duché mais aura porté haut le renom de la Lorraine à travers toute l’Europe et c’est Louis XIV en personne qui lui rendra le meilleur éloge funèbre .
A partir de 1690 le sort de la Lorraine est lié au bon vouloir de ses occupants, avec une fin programmée qui se réalisera en 1766, à la mort de Stanislas .
Sources utilisées pour cet épisode :
Ce troisième épisode de notre histoire lorraine a comme source essentielle le livre de Henry Bogdan « La Lorraine des Ducs, sept siècles d’histoire » paru aux éditions Perrin-2005 . Ouvrage à lire pour approfondir cette période très riche de notre passé .