Photographe à l’agence Novosti, Igor Kostin décide, quelques jours après l’accident, d’accompagner un groupe de liquidateurs sur le toit du bloc n°4, adjacent au réacteur éventré : “Il y avait d’énormes champs d’irradiation. Je n’aurais jamais pu y pénétrer sans un éclaireur équipé d’un compteur Geiger. Nous nous déplacions à tâtons en cherchant à nous protéger d’un mal fatal mais invisible.”
En raison des taux extrêmes de radiation sur le toit, des équipes de huit liquidateurs se relaient toutes les… quarante secondes. Harnachés de tabliers de plomb, les hommes grimpent les escaliers, se ruent, une pelle à la main, dès que la sirène hurle. Le temps d’enfourner une pelletée de débris nucléaires pour les jeter dans la fosse creusée par l’explosion, et de courir à nouveau vers les escaliers.”
Igor Kostine a photographié Tchernobyl pendant dix ans. Il a “tout photographié”, avec une minutie obsessionnelle: les poulains à huit pattes, la mutation des pommes ou des arbres. Et les enfants mort-nés, avec des doigts palmés qui sortent des épaules, bébés sans bras ni jambes, bambins atteints d’un cancer de la thyroïde (800 cas recensés), liquidateurs souffrant de leucémie (60000 seraient, selon lui, déjà décédés) ou de “stress post-traumatique “.
Igor a été exposé à des taux de radiation extrêmement élevés, hospitalisé plusieurs fois, il reste aujourd’hui évasif sur son état de santé.
Source photo: www.arenes.fr